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Enfants malades et méthodologies adaptées

   Pendant le cours à option d’enfants malades, nous avons eu la chance de nous rendre dans différentes infrastructures du type 5 pour visiter l’infrastructure, comprendre l’organisation de l’établissement et avoir des échanges avec des personnes de cet univers-là.

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Première rencontre

 

  La première visite était à l’école Léopold Mottet à Liège. Nous avons eu la chance durant notre visite d’assister à une réunion de l’équipe enseignante. Pendant cette réunion, ils discutent de l’organisation des jours à venir, des activités organisées. Ils font également le point sur l’évolution des enfants : ceux qui quittent l’école et retournent dans l’ordinaire, les nouveaux traitements, les allégements d’horaires, etc. à la fin de l’entretien, la parole est donnée à chaque professeur pour leur permettre de poser leurs questions, de partager des informations, de discuter des différents comportements ou des différentes relations entre les enfants.

 

  La structure qui accueille les enfants est le SSAS, c’est une structure scolaire d’aide à la socialisation. Elle est destinée aux enfants qui sont en décrochage scolaire dû à des raisons médicales. Ce sont des enfants de maternelle (à partir de 6 ans) au secondaire. Ils ont tous une école d’origine avec laquelle les professeurs ont des contacts pour discuter des cours et des évaluations. Les enseignants ont aussi des conseils de classe pour discuter de la réussite des enfants.

 

  Ils ont donc tous une maladie psychologique qui les amène au décrochage scolaire, ils ont aussi besoin d’un suivi médical. Pour l’inscription dans l’école, ils ont besoin d’un certificat médical. Leur décrochage scolaire peut être dû à des problèmes chez eux. C’est pourquoi il est important que les parents soient concernés par leur travail.

 

  Au niveau des cours, ce sont des suivis en individuels ou en très petits groupes. Ils ont 6 périodes de cours généraux sur la semaine. Ils ne font pas d’examen en général à Noël, car les enseignants du type 5 ne trouvent pas ça nécessaire de plus ils évaluent l’enfant durant les cours, car c’est de l’individuel.

 

  Dans l’équipe pédagogique, ce sont des enseignants de type 5. Certains de ces enseignants travaillent aussi dans des implantations hospitalières, psychiatriques ou à domicile. On retrouve différents profils dans les professeurs : styliste, photographe… Leur but est de chercher les compétences de chacun des professeurs pour proposer beaucoup d’activités aux jeunes. Ainsi, ils leur permettent d’apprendre, mais autrement que dans l’ordinaire. Ils enseignent à travers des situations concrètes et pas dans l’abstraction.

 

   Beaucoup d’activités sont également organisées : opéra, blind test, etc. Il existe aussi beaucoup d’ateliers qui sont organisés en fonction des goûts de chacun et non pas de l’âge. Ils proposent : l’imprimerie, la cuisine, l’art plastique, les photos, les vidéos, la musique, les chants, le stylisme, les sciences, le théâtre, le sport, les stratégies, le projet et licorne.

 

   Les enfants sont beaucoup valorisés dans leur travail. Les travaux sont affichés dans les couloirs. La réussite des enfants ne se fait pas à travers leurs points. Le fait de venir tous les jours à l’école est déjà une réussite.Leur passage dans cet établissement est temporaire. Il ne reste pas plus de deux ans.

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  Au terme de cette visite, je fus beaucoup étonnée. Tout d’abord, car j’ignorais l’existence de ce type d’école. Ensuite par leur conception de l’école. J’ai pu redécouvrir l’école sous une autre forme. Ils proposent des activités plus proches de la réalité et qui intéressent les jeunes tout en développant des apprentissages. Je me suis donc questionnée sur le fonctionnement de l’école ordinaire. Ne devrions-nous pas nous adapter à la société d’aujourd’hui pour motiver les jeunes dans les apprentissages ? Si l’enseignement ordinaire répondait plus aux besoins des jeunes d’aujourd’hui pourrions-nous observer moins de décrochage scolaire ? Pourquoi observons-nous de plus en plus de décrochage scolaire ? Comment pourrions-nous changer les choses ? Je pense que l’enseignement devrait être réétudié face à ces questions, car c’est essentiel pour le bien-être des jeunes.

 

   Je fus également fort émue en observant leur réalisation. Ils ont de vrais talents qu’il faut exploiter. Si on leur donne le goût d’apprendre, ils pourront sans doute avancer loin dans la vie. Il faut être à leur écoute, être là pour les accompagner, les soutenir et les aider à s’épanouir.

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Deuxième rencontre

 

   La seconde visite s’est déroulée à Ottignies au Centre William Lennox. Ils accueillent des enfants de maternelle, primaire et secondaire. Les enfants restent en général trois semaines. Au terme de ces trois semaines, un bilan est posé pour dire s’il faut prolonger ou non l’accueil dans l’établissement. Au départ, ils accueillaient des enfants avec des problèmes neurologiques, mais maintenant on retrouve des cas psychiatriques aussi. Il y a beaucoup de profils différents : trauma crânien, tumeur, etc.

 

  Ils sont composés de deux classes en maternelles, quatre en primaire et quatre en secondaire. Le nombre d’enfants est très variable. Certaines classes n’ont parfois pas d’élèves. Les enfants sont orientés dans les classes en fonction de leurs compétences en général.

 

  À l’arrivée, les enseignants contactent l’école d’origine ce qui permet d’avoir des informations sur les enfants ainsi que des échanges entre professeurs. À la sortie, ils prennent contact avec l’école et ils essaient de les rencontrer pour expliquer où en est l’enfant.

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   Cette visite nous a permis de voir plus de concrets, des réalités de classe. Nous étions dans les bâtiments et nous avons pu aller à la rencontre des enfants. Pouvoir aller à leur rencontre est une grande opportunité que nous avons eue. Nous étions nous face à une vraie réalité qui permet de mettre des images sur ce qui est dit.

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Troisième rencontre

 

   Pour cette troisième séance, nous avons rencontré le directeur de l’Escale. Il nous a expliqué le fonctionnement des différentes écoles. Il nous a partagé son parcours. Ainsi que le fonctionnement de son école. Nous avons aussi pu discuter des différences entre les différentes écoles à l’hôpital.

 

   Puis nous avons rencontré une des créatrices du site Hospichild. C’est un site plein de ressources. À travers leurs sites, ils veulent communiquer aux parents des informations sur les hôpitaux qui existent, les différents modes de fonctionnements. Ils abordent différents thèmes. Ils proposent des ressources très intéressantes. Ce site peut être donc un très bon outil pour des parents.

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Site: http://www.hospichild.be/ 

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Quatrième rencontre

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   Lors de cette quatrième rencontre nous avons était à l’hôpital à La Louvière. Nous nous sommes rendus dans le service de pédiatrie générale. Au sein du service, nous avons découvert une classe, une école. Dans ce service, ils accueillent des enfants de deux ans et demi à quinze ans.

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Voici l’organisation d’une journée type pour eux :

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  • Les institutrices vont au secrétariat pour avoir la liste des enfants. Après une infirmière prévient quels enfants peuvent se rendre à l’école et quels enfants doivent restés dans leur chambre. Des informations plus spécifiques peuvent aussi être transmises.

  • Elles passent ensuite vers 9h30 dans les chambres pour leur proposer de venir à l’école. Ils n’ont pas l’obligation d’aller à l’école sauf dans certains cas comme des décrochages scolaires ou des dépressions. Les enfants peuvent venir le temps qu’ils veulent à l’école.

  • Elles font ensuite l’accueil où ils parlent un peu d’eux, ils se présentent. Elles proposent aussi de dire pourquoi ils sont hospitalisés, mais ne demandent pas à chaque fois, ça dépend des raisons d’hospitalisation. Ils disent aussi comment ils se sentent, leurs émotions.

  • Après ils vont sur la table pour faire leur travail scolaire. Les apprentissages individuels pendant à peu près une heure. Puis ils font des jeux de société ensemble.

  • L’après-midi, ils accueillent uniquement les enfants de primaires. Les troisièmes maternelles peuvent aussi demander pour venir. Durant cette période, ils font des activités plus artistiques, mais certains continuent leurs devoirs. Les autres enfants peuvent aller en salle de jeux.

L’école est donc prévue de 9h-9h30 à 12h et de 13h à 15h.

 

  Quand les enfants arrivent, elles leur demandent s’ils ont des devoirs sinon ils fournissent des exercices dans des matières où les enfants ont plus de difficultés.

 

  Si les enfants ne savent pas venir à l’école, une des institutrices passe dans les chambres pour passer un peu de temps avec eux et leur proposer des activités.

En général, elles ont plus ou moins 4-5 enfants par jour, mais c’est très variable. Les enfants de l’hôpital de jour peuvent aussi venir à l’école s’ils le souhaitent.

 

  Certains enfants qui viennent à l’hôpital sont des enfants placés par le juge. Cette situation est exceptionnelle. Quand c’est un premier placement d’urgence l’enfant reste 14 jours. La deuxième fois, c’est 60 jours. Ce sont des parents qui sont violents ou ont d’autres soucis. Ils ont plus ou moins un cas par an, car il manque de place dans les structures sociales.

 

  Après nous avoir expliqué le fonctionnement de l’école, l’institutrice nous a expliqué la création de l’école. C’est elle qui a proposé au centre hospitalier de créer une école. Toute une série de démarches ont été mises en place pour réaliser ce projet.

Cette rencontre fut une des plus marquantes du cours. J’ai beaucoup été touchée par la passion de son métier qu’elle nous a partagée. Elle m’a également donné l’envie de me lancer dans des projets aussi ambitieux que le sien. Quand elle nous raconte son expérience, on réalise que l’école est une réelle boule d’énergie pour ces enfants. Ils en ont besoin. C’est leur seul endroit de socialisation. C’est une bulle où ils peuvent « oublier » l’espace d’un instant leur maladie.

 

Cinquième rencontre

 

  Pour cette dernière visite, nous nous sommes rendus à l’école de l’Escale, aux Entreliens.

 

  Nous avons rencontré une des enseignants qui nous a expliqué son parcours professionnel ainsi que son changement d’orientation. Elle a tout d’abord été enseignante de mathématique en secondaire. Mais elle avait le sentiment d’être jetée dans la fosse aux lions. Ça a été un épisode presque traumatisant pour elle. Elle souffrait du manque de soutien des autres professeurs. Elle ne trouvait pas non plus de sens dans la manière de donner les cours.

 

  Elle a également été sensible au manque de soutien à certains élèves ayant des difficultés psychologiques, qui étaient en détresse. Elle a donc décidé de faire une formation psychoclinique. Elle a réalisé un stage dans un centre thérapeutique pour adolescent. C’est un centre où on ne médique pas, c’est un accompagnement très différent. C’est un service hors hôpital. L’idée est qu’ils ne soient pas en rupture avec l’école, mais c’est une solution alternative par rapport au mode de fonctionnement.

 

  En 2002, l’Entreliens a été créé. C’est un centre de jour sans hospitalisation, mais les jeunes sont sous-certificat. Ils ont uniquement une dimension pédagogique et pas médicale. Ils proposent des outils pédagogiques alternatifs pour répondre aux besoins des enfants. C’est un SSAS, structure scolaire d’aide à la socialisation. Leur objectif est de remettre en mouvement grâce aux pédagogies actives quelque chose qui est complètement à l’arrêt chez l’enfant.

 

  Dans leur mode de fonctionnement, ils proposent des activités en deux temps : individuel où ils travaillent sur des projets personnels ou en atelier avec des médias différents (atelier radio, écriture, illustration, philo et sport). Leur but est de donner du sens à leurs apprentissages.

 

  Ils constatent que la population qui fréquente l’école évolue. Les jeunes proposent de moins en moins de projets personnels. Ils sont face à un public qui n’a pas été confronté à des limites. Or les enfants en ont besoin pour leur développement. Ils ne supportent donc pas l’échec.

 

  À la fin de cette visite, je me questionne sur l’avenir de ce type d’école. Comment vont-elles évoluer ? Car on semble accueillir de plus en plus d’enfants, mais n’y a-t-il pas un risque ? Les enfants n’auraient-ils pas tendance à se retrouver dans ce type d’école, car ils veulent échapper à l’école ordinaire ? Je pense qu’il est important de se requestionner sur le fonctionnement de l’école ordinaire, de l’école de type 5, mais aussi de l’évolution de notre société afin de mieux appréhender l’avenir. Car si nous ne remettons pas en question l’enseignement de manière général nous risquons d’être face à un nombre très important d’inscriptions dans ce type d’école.

 

  À travers ce cours, je me rends réellement compte que nous ne sommes pas assez formés en tant qu’enseignants. Il faudrait plus de stages, mais aussi des stages dans le spécialisé. Qu’il y ait aussi cette prise de conscience globale autour de l’enfant par rapport à sa famille, son histoire. Je suis également choquée du manque de collaboration de certains professeurs.

 

  Il est difficile de mettre des mots sur le ressenti de ces différentes visites. Après chaque rencontre, beaucoup de choses me trottaient dans la tête. J’avais des questionnements face à certaines réalités, mais aussi des questionnements sur mon avenir, vers quelle orientation je me dirigerai. Est-ce qu’il y a un projet que je pourrais tenter de mettre en place pour favoriser le bien-être de ces enfants ? Mais aussi des questionnements par rapport à ma personnalité, comment pourrais-je faire face à mes émotions ?

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   Je pense aussi que de réelles études, recherches devraient être réalisées pour mieux comprendre la situation qui est vécue dans les hôpitaux par rapport aux cas psychiatriques. Nous ne pouvons pas ignorer cette réalité, mais nous devons chercher des solutions pour y remédier au plus vite.

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   Ce cours fut pour moi une réelle découverte d’un univers qui m’attirait, mais me faisait peur à la fois. Ce cours m’a encore plus donné l’envie d’en découvrir sur la vie dans les hôpitaux et plus spécifiquement l’accompagnement. Malgré la difficulté des situations qu’on y rencontre, je pense que c’est un univers extrêmement enrichissant.

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